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Opéra National de Montpellier / Opéra Junior - Novembre 2017

Direction : Guilhem Rosa

Chef de choeur - responsable de projet : Vincent Recolin

Collectif 1B2P/TragédieMonstre

Conception / Mise en scène / Vidéos : Benoît Bénichou

Scénographie : Amélie Kiritze Topor

Costumes : Romain Vigier

Milica : Garance Laporte-Duriez

Danica : Marie Sénié
Léna : Anne Baptiste-Voisin
Zora : Léa Arnaud / Juliette Guilloteau
Nada : Ambre Morvan

Liubica : Carla Hébrard / Leïla Elhilali-Lopez


Ilija  : Paul Besset
Jovan : Raphaël Charneux

 

Les amis de Jovan :  

Lucas Aît El Maassi / Thomas Dedieu / Tony Garnier

Matisse Rebreyend Josué Toubin-Pierre

Avec la participation des étudiant de licence Théâtre et de master 

Arts de la Scène de l'Université Paul-Valéry : 

Laurie Arnaud / Baptiste Brisseault / Anaëlle Houdart 

Nathan Roblot / Maureen Schoeffter 

Svadba signifie « Mariage » en serbo-croate. Le livret est conçu à partir de textes du folklore balkanique. Cet opéra, chanté a cappella, met en scène la nuit précédent la cérémonie de mariage de la jeune Milica. Une sorte d’enterrement de vie de jeune fille selon un rituel bien établi. On en profite pour se moquer des garçons, on teint les cheveux de la mariée avec la teinture envoyée par la belle famille, on passe par un bain rituel, on danse, on se dispute, on s’amuse une dernière fois ensemble avant de se dire adieu… un adieu à ses amies et à son enfance, une sorte de rite de passage de l’innocence à la maturité. Le spectateur est plongé au centre des sentiments, avec un certain voyeurisme, ils assistent au derniers instants de la vie de la jeune Milica.

 

Cet opéra ne comporte quasiment aucun dialogue, il est constitué de chansons, de comptines, d’onomatopées, comme beaucoup de jeux d’enfants en Serbie sont basés sur des séries très rythmées de lettres de l’alphabet. Ainsi, on se dispute ou s’insulte en se lançant des lettres de l’alphabet. On découvre cependant quelques phrases importantes insérées au milieu de ces comptines et chansons. La plus importante, et celle qui m’a interpellé ne pouvait pas être écartée :

 

« Hélas ! Je suis unique pour ma mère, 

À Jovan, elle me donne, 

Mais Jovan, l’ivrogne, moi, je n’en veux pas, 

C’est Ilija, le brave, que je veux. » 

 

Je souhaitais alors axer le travail vers le sujet des mariages forcés. Le film « Mustang » a été le point de départ de notre travail. Nous l’avons visionné avec les solistes d’Opéra Junior, nous l’avons commenté, nous nous en sommes imprégnés afin de dénoncer, par la voix des ces jeunes filles concernées, ces mariages inhumains.

 

Intimité - être ensemble - rite collectif … et en même temps dénoncer, informer … 

La salle de l’opéra, le rapport frontal me paraissait loin de ce que cet opéra essaie de créer. Il faut être tous ensemble et accompagner Milica au mariage. Il faut être proche également pour y être intégré. J’ai alors choisi de placer cet opéra dans les parties publiques du bâtiment et de l’utiliser en déambulation. Nous avons un décor tout prêt, sa grandeur, ses ors, ses marbres accompagnent cette cérémonie pré nuptiale. De l’entrée à la salle, nous donnons vie à ce lieu et ritualisons le passage vers la salle. Généralement, nous montons le grand escalier sans vraiment y faire attention. En y plaçant une des scènes de l’opéra, il prend vie différemment et son utilité change. Il en est de même avec le grand foyer, avec les couloirs, ils ne sont plus un simple endroit de passage en allant vers son fauteuil. 

J’ai aussi souhaité travailler en déambulation afin d’expérimenter un autre rapport, une autre forme de représentation, sortir du carcan habituel de l’opéra. Pourquoi ne pas expérimenter autre chose que la forme frontale, scène/salle confortablement assis dans son fauteuil. La forme a cappella s’y prête à merveille. Nous vivons la représentation au même rythme que les chanteurs, nous sommes pris à parti, nous sommes intégrés, nous devenons acteurs, voyeurs, soutien. Nous restons actifs.

Nous avons imaginé également une scénographie dont le point de départ serait une exposition. D’une part, nous découvrons les codes du mariage serbe, mais également tout au long du parcours nous souhaitons élargir le sujet aux mariages forcés dans le monde entier, sans se limiter à la Serbie. 

Nous pourrions pompeusement appeler cette forme: « exposition-performance immersive ». 

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